Les flashcards sont sous-cotées en France !
Les flashcards sont souvent perçues, en France, comme un support de cycle 1 : pratique pour montrer des images, faire nommer des mots ou travailler un peu de vocabulaire. On l’utilise aussi en élémentaire, mais seulement en anglais.
Un support simple, ludique, mais rarement considéré comme un véritable levier pédagogique.
Et pourtant.
Les flashcards ont une longue histoire ! Elles reposent sur des principes solides issus des sciences cognitives, et offrent un potentiel bien plus large que le simple « montrer et dire ». Et elles sont utiles de la maternelle à la fac, dans de nombreuses disciplines !
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les flashcards ne sont pas une invention récente.
Elles existent depuis le XIXᵉ siècle, en Angleterre, et ont été conçues par une enseignante, Favell Lee Mortimer, pour aider ses élèves à mémoriser le code alphabétique et à apprendre à lire.
On retrouve « a set of phonics flashcards » dans son ouvrage Reading Disentangled publié en 1834.
Dès l’origine, les flashcards sont donc liées à l’apprentissage de la lecture, à la mémorisation du code et à une pédagogie active, fondée sur la répétition et la manipulation.
Elles n’ont jamais été pensées comme de simples imagiers, mais comme un outil d’apprentissage.
Les flashcards ont été remises au goût du jour à partir des années 1970, avec l’émergence du système Leitner.
Ce système repose sur un principe aujourd’hui bien documenté : la répétition espacée.
Une information est mieux mémorisée lorsqu’elle est revue plusieurs fois, à des intervalles croissants, plutôt que répétée intensivement sur une courte période.
Concrètement, ce qui est bien maîtrisé est revu moins souvent mais ce qui pose encore difficulté est revu plus fréquemment.
Ce fonctionnement est étroitement lié à ce que l’on appelle le testing effect. Le fait de devoir aller chercher activement une information en mémoire renforce durablement son apprentissage.
C’est la raison pour laquelle les flashcards sont très utilisées par les étudiants anglo-saxons, mais aussi dans de nombreuses écoles outre-Atlantique.
En France, en revanche, elles restent encore largement sous-utilisées.
Pourquoi les flashcards sont-elles si peu utilisées en France ?
Sans doute parce qu’elles sont souvent associées à des usages très réducteurs : montrer une image, faire répéter un mot, vérifier rapidement une connaissance.
Mais un outil simple n’est pas un outil pauvre ! Les flashcards permettent bien plus que cela, à condition de dépasser leur usage le plus évident.
Montrer, désigner, identifier
C’est l’usage le plus connu, mais il reste fondamental.
Les consignes de type « montre », « trouve », « pointe » permettent de travailler la compréhension orale, l’attention et l’entrée dans le lexique. Ces activités simples sont essentielles pour installer les premières bases.
Il existe pas mal de variantes :
Disposer les flashcards un peu partout et demander aux élèves d’aller pointer/ d’aller chercher le plus vite possible la flashcard demandée.
Donner une consigne orale précise : « Va chercher la carte de l’animal qui vole », « Trouve la carte qui commence comme sorcière ».
Varier les contraintes : aller chercher deux cartes qui vont ensemble, ou un intrus.
Travailler en équipes : un élève écoute la consigne, un autre va chercher la carte, un troisième vérifie.
- Montrer une flashcard et dire le mauvais mot (les élèves adorent ! Oups !)
On a bien sûr la version en anglais : « point to the witch » ou « show me the pumpkin ».
Faire parler, décrire, expliquer
Une flashcard est un excellent déclencheur de langage. À partir d’une image ou d’un mot, les élèves peuvent nommer, décrire, préciser, reformuler, expliquer.
On peut demander de construire une phrase à partir d’un mot ou de plusieurs cartes. On peut ajouter des contraintes comme ajouter un adjectif ou un complément du nom. On peut tout simplement demander aux élèves d’inventer des devinettes, de trouver des synonymes, etc.
Selon le niveau, on passe du mot isolé à la phrase, puis à des formulations de plus en plus complexes.
Les flashcards permettent ainsi de travailler la syntaxe et la précision lexicale sans surcharge cognitive.
Trier, classer, comparer, justifier
Les flashcards sont particulièrement adaptées aux activités de classement et de catégorisation.
Trier des cartes, chercher un intrus, associer des éléments ou inventer un critère oblige les élèves à réfléchir, verbaliser leur raisonnement, justifier leurs choix.
Ces activités sont très riches sur le plan cognitif et trouvent parfaitement leur place du cycle 1 au cycle 3. Très souvent, l’intérêt réside dans le fait de laisser les élèves réfléchir eux-mêmes au type de classement qu’ils vont proposer : les laisser manipuler, trier, indiquer le nom des colonnes, etc.
On peut le faire pour classer des êtres vivants/non-vivants en QLM, pour trier du plus petit au plus grand, pour travailler les formes ou les couleurs en arts, etc.
Jouer pour apprendre
Mon préféré ! À partir d’un même jeu de flashcards, il est possible de créer de nombreuses situations : mémory, loto, jeux d’association, jeux de devinettes, jeux de rapidité. Ces jeux peuvent être utilisés en rituel, en atelier, en autonomie ou en petit groupe.
Ici, on ne s’embête pas : on imprime les flashcards dans le format de son choix, on découpe, on plastifie. Pour réaliser un memory, il faut imprimer les flashcards en double. On peut réaliser une chronologie à reconstruire en histoire en CM aussi par exemple.
Entrer dans l’écrit
Les flashcards sont aussi de très bons supports pour la production d’écrits. Elles permettent de lever la difficulté de la page blanche, proposer des contraintes ou encore différencier facilement les attentes. Ce sont des déclencheurs d’écrits courts ou longs très intéressants.
Une carte peut servir à écrire une phrase, deux cartes à enrichir une phrase, trois cartes à produire un court texte. On peut avoir un code couleurs pour les clases grammaticales, un peu comme dans Apprentilangues ou d’autres méthodes. La différenciation se fait naturellement, à partir du même support.
Un outil qui évolue avec les élèves
Les flashcards peuvent accompagner les élèves tout au long du primaire. C’est bien pratique pour enrichir des corpus de vocabulaire sur plusieurs années. C’est très rassurant d’avoir un jeu de flashcards autour d’une thématique qu’on peut réutiliser d’une année à l’autre (pour la liaison GS-CP par exemple, mais pas que).
Ce n’est pas le support qui change, mais les exigences pédagogiques.
Dans toutes les disciplines
Si les flashcards sont très utilisées en langues vivantes, elles peuvent aussi trouver leur place en langage oral, en vocabulaire, en production d’écrits, en mathématiques, en arts, en sciences, en histoire, en géographie, etc.
Ce sont les objectifs qui déterminent l’usage, pas les cartes elles-mêmes.
Fabriquer et utiliser des flashcards
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